{ Box de Speedy *

Le 4x4 de mon père se gara sur le parking. Je lui demandai de me laisser rencontrer ma nouvelle monture seule, pour un notre premier moment de complicité particulier. J'avais le cœur brisé de m'être séparé de mon cheval de club ou j'étais anciennement, la décision avait été plus que difficile, mais Speedy me paraissait mieux pour le monde des concours, surtout que mon niveau en temps que cavalière ne suivait pas le bas rythme de progression de Just Smile. Bref, à présent, ma décision était irréversible, je ne pouvais retourner en arrière. Just Smile était à présent avec d'autres cavaliers, que je le veuille ou non. A vrai dire, c'est mon père qui avait en quelque sorte prit la décision. Just Smile lui avait coûté cher et ses performances n'étaient pas à la hauteur de ses capacités et de son espérance. Peut être était-ce ma faute que Just Smile ne progressait pas vite ? Je m'étais longuement remise en question, mais j'ai finalement trouvé une conclusion logique à cette affaire : nous n'étions pas fait l'un pour l'autre. Je n'avais pas encore vu en vrai Speedy, et je ne l'avais pas non plus essayée, mais j'étais sûre que cette fois-ci serait la bonne et que je ne me séparerais jamais de cette jument. J'entrai donc dans les écuries, le cœur battant. Et si jamais Speed' était une peste qui ne voudrait pas m'approcher ? Et si nous n'avions aucun point commun ? J'avais beaucoup de raisons de stresser, mais aucune ne me retira mon envie de découvrir ma nouvelle monture. Plus je marchais à travers les écuries, puis les larmes de joie me montèrent aux yeux. Mon père était vraiment le meilleur de tous, j'avais une chance inouïe de l'avoir ! Je balayai du regard toutes les plaques des boxe, cherchant d'écrit le fameux nom de "Speedy". Ça ne pouvait être qu'une belle jument, avec une appellation pareille ! Je passais devant plein de boxes occupés. Nous étions en plus dans l'écurie du club, anciennement celle de Just Smile. La culpabilité m'envahit. Je décidai de laisser mes idées noires de côté pour ce fantastique moment. C'est alors que quelque chose attira mon intention. Là, dans le box de Speedy. Une jument grise, magnifique, je dois le dire, la tête sortie du box, me fixait. Elle attendait. Je m'approchai d'elle, interpelée par sa beauté. Calme, elle me regardait venir. J'avançai ma main au contact de ses naseaux. C'était si doux ! Je la caressai, et remontai mes doigts fins jusqu'à son chanfrein, que je gratouillai doucement. La jument laissa tomber ses paupières et soufflait dans la paume de ma main. Je profitai de ce merveilleux moment pour baisser mes yeux et essayer d'apercevoir le nom figurant sur la porte du box. Mon cœur s'arrêta presque de battre et l'émotion m'envahit : c'était elle. Speedy. Ma jument. J'étais tout de suite tombé sous le charme et je ne le regrettai pas.

< Speedy.. c'est bien toi

La jument rouvrit lentement les yeux et redressa sa tête pour mieux me voir. Je passai ma main sur sa joue, d'un geste tendre. Elle me donna un petit coup de tête amical, et je lui déposai un bisou sur son chanfrein. J'étais sûre que tout allait marcher entre nous. Je décidai de faire bouger les choses. Je jetai mon regard dans le box et observai la morphologie de ma petite jument. Elle semblait parfaite, mais son calme m'inquiétait un peu. Était-elle la parfaite jument de compétition ? Rho, moi & mes pensées négatives ! Voyons le bon côté des choses, je déduirais de tout ça une fois que je l'aurais essayé, mais pas ce soir.. J'avais déjà prévu de sauter au coup de mon papa pour le remercier. C'est fou comme j'en oubliais ma mère, mais elle était décédée alors que j'étais toute petite. Je ne m'en suis jamais vraiment remise, mais mon père a essayé de combler ce manque du mieux qu'il put. Il a en partie réussi, mais il ne remplacera jamais une mère ! Revenons à notre sujet. Après avoir bien détaillé le corps de ma ponette, je tirai délicatement le loquet du box. Lorsque je mis mon pied dedans, je me rappelai Just Smile. J'espérais ne pas trop me gâcher mon après-midi avec cela. Lorsque la chaleur du box m'envahit, je remarquai que Speedy me fixait. Je m'approchai d'elle et me colla contre son pelage soyeux. Elle me transmit sa chaleur corporelle. C'était très agréable. Elle tourna sa tête pour me lancer un regard plein d'amour. C'était extra. Je l'embrassai sur son encolure puis enfouis mais mains glacés par la pluie de dehors sous son encolure. J'ai adoré ! Quelle sensation ! Je décidai tout de même de bouger un peu car l'ennui allait vite envahir notre rencontre.. et je n'aimais pas l'ennui ! J'allai alors à la sellerie, refermant avec soin la porte du box derrière moi, et pris un licol en cuir dont je ne m'étais jamais servi auparavant. Je l'appropriais rapidement à ma jument. Je revins à ses côtés, et, après être rentrée à nouveau dans le box, lui passa délicatement autour de la tête. Je réglai la bouclerie le plus justement possible et conduisis ma jument dehors. Je la fis marcher à travers les écuries pour voir comment elle se comportait. Un petit vent frais rentra par la porte de l'écurie. Speed' le sentit et redressa la tête. Plus vive, ce qui me rassurait, elle tirait un peu sur la longe. Je ne tardai pas à aller l'attacher le plus près possible de la sellerie pour ne pas la laisser seule trop longtemps le temps de mes transferts. J'effectuai un nœud coulissant en m'appliquant, puis m'engouffrai dans la sellerie pour prendre mon seau de brosses que j'avais toutes pris soin de laver après le départ de Just Smile. Je pris un cure-pieds et m'approchai de l'antérieur droit de ma jument. Je fis glisser ma main en partant de l'épaule, d'où j'appuyais doucement ma cuise et saisis le fanon pour prendre le pied de Speedy. Sans broncher, elle le leva et me laissa faire mon travail. Je le récurai bien et renouvelai l'opération pour le second antérieur. Je m'occupai ensuite des postérieurs. Avant de commencer, je nouai la queue de façon fluide pour ne pas salir ses crins soyeux. C'était un bon point qu'elle était calme au pansage, elle devait avoir l'habitude des longues préparations avant les concours alors. Je reposai mon cure-pieds avec les autres brosses et pris un bouchon. Je commençai par brosser énergiquement mais doucement son encolure, suivie par le garrot, le ventre, en dessous du ventre, les membres, les entre-jambes des postérieurs, les postérieurs, la croupe et les flancs. Je recommençai de l'autre côté de ma jument en m'appliquant toujours.

< Très bien ma belle.

Je reposai mon bouchon pour prendre une brosse à crins. Je me relevai et commençai par le fin toupet. Je le démêlai mais ne le laissai pas tout lisse : j'avais horreur de ça. Après avoir tout bien démêlé, je le remis un peu en bataille. Mon geste amusa sûrement ma jument, puisqu'elle secoua la tête joyeusement. Je la chatouillai entre les naseaux puis m'approchai de sa belle crinière. Je la démêlai d'abord, elle était superbe. Très courte mais très bien entretenue : je devrais donc en faire autant que ses précédents propriétaires. Je la remis convenablement puis reculai de quelques pas pour me mettre au niveau de la queue. Elle aussi était tout à fait soyeuse. Je la démêlai, enlevant de mes doigts fins les brins de paille qui s'y perdaient. Je dus utiliser deux sprays de démêlant puisque il y avait pas mal de nœuds. Quand j'eus terminé mon travail, je rangeai mes brosses dans la sellerie avec mes autres affaires puis, après avoir pris deux ou trois friandises ainsi qu'un quartier de pomme et une carotte que je posai à côté de la porte de son box, je détachai ma jument et la rentrai dans celui-ci. Au passage, elle chipa le quartier de pomme. J'essayais de l'en empêcher, mais bon, comme c'était la première fois, je ne dis rien, mais ensuite, fini les mauvaises habitudes ! Je voulais avoir un bon contact avec elle mais il fallait qu'elle me respecte pour autant. Je lui retirai le licol que je posai sur un crochet devant la porte, puis je pris la carotte et je lui offris généreusement. Elle la croqua goulument et, après avoir terminé, me lança un regard signe qu'elle en voulait encore. Je trouvai sa bouille trop mignonne alors je pris une des friandises et la mis entre ses deux antérieurs en lui montrant bien. Elle passa sa tête sur le côté, me jetant une regard interrogateur. Je l'incitai d'un claquement de langue sec. Elle donna un brusque mouvement de tête et élança celle-ci entre ses jambes. J'ai cru qu'en mettant toute cette puissance qu'elle allait tomber à la renverse.
Mais finalement non, elle avait un bon équilibre donc elle saisit la friandise et la croqua ensuite, après avoir relevé sa jolie bouille. Je la caressai longuement, lui fis un câlin & regardai l'heure. Je devais repartir. Je lui offris une dernière friandise accompagnée d'une caresse et d'un bisou puis reparti sur le parking, tout simplement heureuse.